DAO
Les Decentralized autonomous organization ou organisations autonomes décentralisées (DAO) en français sont une pièce importante de la révolution Web3. Elles promettent de remplacer les conseils d’administration des applications centralisées comme les GAFAM par des plateformes informatiques open source dirigés par la communauté.
Définition globale et exhaustive du concept DAO
Une organisation autonome décentralisée (DAO) est une communauté composée de multiples participants (par exemple, des développeurs ou des utilisateurs sur une plateforme DeFi). Elle fonctionne avec des processus automatisés et de manière décentralisée, selon des règles de gouvernance stipulées dans un contrat intelligent. Ces règles ne peuvent pas être modifiées tout en respectant les méthodes consensuelles.
Aucun dirigeant ne peut diriger des fonds et accepter des dépenses en fonction de ses caprices, et il n’y a pas la moindre chance qu’un directeur financier louche maquille les comptes. Tout est transparent et les règles concernant les coûts sont intégrées au DAO à travers son code.
Origine du concept de DAO
Ce concept est apparu avec le concept de « Decentralized Autonomous Corporation » dans un papier publié par Vitalik Buterin en 2013.
Dans cet article, le futur fondateur de la blockchain Ethereum expose les possibilités offertes par la technologie blockchain. Remplacer les organisations humaines, hiérarchiques par des organisations humaines collaboratives et horizontales.
L’idée selon laquelle un protocole informatique ayant une mission, met en place des activités, récompense ou rémunère les participants et destiné à continuer ses actions après la mort de ses fondateurs était née.
La première DAO
Lorsqu’elle est créée en mai 2016 par la société Slock.It, The DAO avait pour objectif de financer des projets contribuant au développement du protocole Ethereum. C’est l’exemple le plus connu à ce jour d’un tel type d’organisation.
Cette première DAO était un « fonds d’investissement » décentralisé. Les décisions étaient prises l’ensemble des participants. Les capitaux des participants étaient bloqués dans un smart contract contre des tokens The DAO. Des systèmes de gouvernance pouvaient mettre en place des votes afin de déterminer quand et pour qui libérer la totalité ou une partie des fonds mis en commun.
The DAO leva 150 millions de dollars en Ether. À cette époque-là, cela représentait la plus grosse levée de fonds en crowdfunding de l’histoire. Mais, l’organisation fut piratée et provoqua environ 50 millions de dollars de perte. Ce piratage a conduit à un nouveau consensus : un hard fork que la majorité a approuvé. La blockchain nouvellement créée se nomme maintenant Ethereum, tandis que l’autre blockchain a été appelée Ethereum Classic. Une enquête de la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme des marchés aux États-Unis, a également été ouverte.
Les premiers apprentissages
Les causes de cette déroute sont nombreuses et s’appuient en partie sur :
- l’expérience insuffisante des investisseurs. Ils ont, en effet, permis à un jeune projet peu avancé de récolter d’énormes montants.
- Le manque d’outils technologiques à disposition de la communauté pour simplifier la gestion et la prise de décision financière.
- Et, enfin, l’immaturité des processus pour mettre les contrats intelligents en production (tests de production itératifs, pas d’audit ou de testnet, pas de programme de bug bounty, etc.).
Cet échec a entraîné la disparition, ou du moins une chute de l’attrait pour ce concept, jusqu’à sa réapparition en 2020-2021.
Aujourd’hui, l’environnement des DAO connaît une très forte croissance avec le développement d’une communauté plus instruite, de meilleures pratiques et des outils de gestion DAO.
On estime qu’il existe plusieurs dizaines de DAO, gérant des milliards de dollars d’actifs. Elles peuvent globalement être classées comme suit : dons, plateforme DeFi, investissements, services DeFi, réseaux sociaux, collections et médias, Play-to-Earn. Outre leur variété, les DAO se présentent également sous la forme d’outils. Elles contribuent à simplifier la gestion communautaire des biens publics.
Comment fonctionne le DAO ?
L’essentiel du fonctionnement du réseau d’infrastructure DAO réside dans ses contrats. Ils régissent les règles de l’organisation et gèrent les fonds du groupe. Quand les contrats en vigueur sont implémentés sur une blockchaine par exemple (ou ailleurs), ces contrats ne peuvent être modifiés que par un vote. Si une personne tente d’agir en dehors de la logique du code, elle échouera. Les flux de trésorerie étant définis par des contrats intelligents. Cela veut dire que personne ne peut utiliser de l’argent sans l’approbation du groupe. Mais, cela signifie aussi qu’une DAO ne nécessite pas d’autorité centrale. À la place, le groupe coopère pour prendre des décisions et lorsqu’un oui est émis, le paiement est automatiquement autorisé.
Cela est possible, car les contrats intelligents sont impossibles à modifier une fois qu’ils sont sur la blockchain ETH. Parce que tout est public, on ne peut pas changer le code (les règles) du DAO sans l’accord de la communauté. Tout est public et transparent.
Quels sont les outils de DAO ?
L’élément central d’une DAO est bien sûr son protocole blockchain, mais cela ne suffit pas. En détenant des jetons émis par le protocole sous-jacent DAO, une organisation autonome véritablement décentralisée peut être réalisée. Ce jeton vous permet généralement de développer des propositions pour améliorer le protocole en question et de voter pour les mises à jour. Par conséquent, on parle souvent de « jetons de gouvernance ».
Théoriquement, toutes les décisions concernant le protocole, y compris celles liées à l’allocation des fonds, peuvent être prises simplement « on-chain » par les possesseurs de tokens. Cela peut se faire grâce à l’algorithme sélectionné par les fondateurs de la DAO. Cet algorithme peut définir les conditions de validité du protocole. Par exemple, définir le vote comme clause de quorum et de majorité.
Concrètement, cependant, la coordination des propositions et des votes s’organise « hors chaîne ». Notamment avec des réseaux sociaux alternatifs comme Discord ou Telegram.
En plus des protocoles, des jetons et des réseaux sociaux alternatifs qui constituent les éléments de base des DAO, ces communautés utilisent habituellement une forme de coffre-fort numérique « multisig » (généralement Gnosis Safe multisig). Cette solution permet aux participants d’être répartis dans plusieurs pays et de gérer un coffre-fort composé de crypto-monnaies.
Il est très important que la trésorerie du DAO soit gérée par la communauté des détenteurs de jetons. Il doit être durable sur le long terme, maintenir un solde positif et rester diversifié pour limiter le risque de volatilité.
Pour terminer, il existe d’autres outils essentiels pour créer et organiser rapidement et facilement des DAO, tels que Snapshot, Discourse, CollabLand, Mirror, Gnosis Zodiac et autres.
Comment fonctionne la « décentralisation progressive » du DAO ?
Après avoir mis en place un produit qui fonctionne et est adopté, les fondateurs de DAO doivent également travailler à le diffuser à la communauté afin qu’elle devienne un bien public.
Cette idée est un véritable changement de paradigme : l’évolution de l’ancien modèle « des actionnaires, qui dirigent une entreprise qui sert des clients » à un modèle nouveau où, à l’aide de tokens de gouvernance, les relations entre « investisseurs, porteurs de projets et utilisateurs » peuvent être coordonnées et guidées.
Dans un premier temps, l’équipe fondatrice et les premiers contributeurs de la future DAO (souvent appelés « contributeurs principaux ») doivent se concentrer sur la mise en place du produit comme n’importe quelle société. À ce niveau, le plus important est de parvenir à une adoption sur le marché (product market fit) le plus rapidement possible.
Une fois l’adoption commencée, c’est-à-dire l’utilisation du produit, les principaux contributeurs doivent commencer à adopter les pratiques des projets open source : donner accès à la documentation du projet, parler des avancées, inclure de nouveaux participants et commencer à rendre les décisions du projet publiques.
La prochaine étape importante consiste à émettre des jetons de gouvernance. Cette étape doit habilement être mise en place pour permettre une répartition efficace et équitable entre les participants. Elle prend généralement la forme d’une vente à des investisseurs privés (placement privé) ou bien d’une distribution aux participants (airdrops).
Enfin, bien que pas encore généralisée, la décentralisation peut être complétée par une vente publique (crowdsale) de tokens. Cette dernière étape est souvent appelée « exit to community ». Elle implique la transmission du contrôle du projet et de tous les bénéfices associés à la communauté.
Conclusion
Une organisation autonome décentralisée (DAO) est une communauté composée d’un grand nombre de participants. Elle fonctionne de manière décentralisée sans intervention humaine selon des règles de gouvernance ancrées dans des contrats intelligents.
Depuis la création des crypto-monnaies en 2008, beaucoup de nouvelles incroyables sont apparues avec la blockchain, le BTC, l’ETH et bien d’autres crypto-monnaies. Les DAO sont l’une de ces nouvelles fonctionnalités intéressantes.
Elles ont un énorme potentiel pour redéfinir totalement la manière dont les activités économiques sont structurées et financées. Ces organisations représentent la structure du pouvoir dans les registres distribués. Elles permettent aussi d’aborder d’importantes questions économiques, financières, juridiques, fiscales et comptables qui commencent tout juste à être explorées.
De simple lecteur en 2018 à rédacteur, j’utilise l’écriture, pour partager mes connaissances à travers mes articles sur Blokulture. Mon souhait est d’informer sur l’univers de la blockchain, des cryptomonnaies, des NFT et de la DeFi. Persuadée que Bitcoin est une révolution, j’entends participer à la vulgarisation de l’écosystème crypto.
Sources : https://cryptoast.fr/, https://coinacademy.fr/.